• * Errances (1)

     

    Errances (1)

    (futurasciences.com)

    Le soir avançait comme un immense drap se teignant de violet et j'étais dans du sable roux jusqu'aux genoux.

    Entre Faux-Cap que je venais de quitter, après une baignade dans les eaux vertes de la lagune d'où l'on voyait la blancheur du fond tapissé de coquillages arrondis, et le village de Maromena, là-haut sur la colline sombre de bush impénétrable ; lieu à atteindre avant le crépuscule où, pistes et autres chemins de passage des zébus, des chèvres, se confondent, rendant toute marche en avant hasardeuse, ne pouvant mener que dans des amas de buissons hermétiques où dorment les tortues ou dans des clairières circulaires où le kidresy jauni vous faisait trébucher et maugréer contre toutes les herbacées.

    Il fallait faire vite. Les quatre roues du véhicule étaient profondément ensablées et à chaque nouvel essai de remise en marche, elles ne creusaient que davantage leur trou pour y passer la nuit. C'est ce qui arriva, le châssis lui-même re­posant sur le sol rouge et moelleux de sable léger.

    Deux à trois étoiles clignotaient déjà dans le voile céleste devenu bleu de prusse opaque. Le teinturier de l'espace avait parfait son travail. Une file de chauves-souris me rasait la tête. Un beuglement lointain perça faiblement le silence profond de l'endroit.

     

    * Errances (1)

    devsanté.org

    J'abandonnais le véhicule à l'obscurité, dont les premie­rs caresses de fraîcheur séchaient les dernières gouttes de sueur sur mon visage irrité, rouge de tant d'efforts pour déplacer la voiture incrustée dans la piste, l'enfouissement des ses roues lui donnant une apparence de nouveau monstre terrestre à l'affut avec ses deux grands yeux globuleux ouverts, un éclat lumineux, ironique en coin, semblant me dire : " va toujours devant, à pied, bonne santé ". 

      Je ne me retournais plus et tempêtais intérieurement contre un chat sauvage qui anima la piste un quart de seconde.

      Que cela pouvait-il être d'autre. Dans une région où fantômes pullulent comme des larves de moustiques, à en croire les histoires racontées avec tant de conviction, qu'en­tre le doute et la véracité l'esprit chancelait comme une pirogue abandonnée sur une mer démontée.

      Je montais toujours pieds nus dans le sable crissant, seule certitude d'ailleurs de n'être pas encore égaré, le village étant tout en haut, dans une enceinte de cactus entrevue le jour, entre des ziziphus griffus.

      Un hibou, il ne manquait plus que lui, me cria aux oreilles de si près que je le crus un instant, perché sur mon épaule. Mon bras, instinctivement, fit le geste de le chasser, ce qui le fit voler lourdement au-dessus de moi comme un vieux sac vide secoué par les mains du vent.

     

    Errances (1)

    oiseaux.net

     

       Je butais sur quelque chose de blanc, lisse dans la main quand je le ramassais ; c'était un maxillaire de zébu avec des molaires jaunes qui me parurent énormes et glacées, ce qui me fit pressentir que j'approchais du hameau, car les ossements des zébus engloutis dans les mangeailles traînent généralement à peu de distance autour, emportés par les chiens hargneux, forts habiles à nettoyer les restes.

    Pas un ne se signala dans la nuit devenue compacte, ce qui me rassura moins quant à mon approche d'une case, la vigilance de ceux-ci captant et prévenant par de rageurs aboiements tout bruit suspect étant l'habituel accueil.

    Beaucoup d'hésitations dans mes pas ne me firent certes pas avancer énormément ; mais, pour aller où, et subitement j'éclatais de rire, réalisant que je tenais toujours l'os de bœuf, comme une arme de défense. Je le jetais haut et loin pour l'entendre retomber dans un froissement de feuilles déchirées.

    Tout cela faisait beaucoup de bruits dans le bush envi­ronnant et pouvait peut-être fort intriguer les habitants du lieu, s'il y en avait.

    Ce que je pris tout d'abord comme un écho à mes bruyantes actions changea peu à peu de tonalité et je perçus même le grondement étouffé d'un amponga dont le rythme alterné se répétait indéfiniment.

    Effectivement, je ne montais plus et, nul plateau n'étant situé sur ces lieux, je devais soit redescendre ou aboutir de­vant l'enceinte d'un village.

    Je vis les fleurs jaunes des raketa, légèrement brillantes sous le reflet métallique des étoiles, pas accompagnées de la lune, cette nuit-là. Une vive agitation paraissait régner par-delà le rempart des cactées. J'entendis des pleurs ou du moins des lamentations ressemblant à des sanglots et vis aussi reluire autre chose que des fruits de cactus ; tranchants de haches ou sagaies !

    Et ce tambour qui battait sans relâche comme un avertissement d'un danger. Qui était en danger ?

    Mon rire dans la nuit dû paraître surnaturel. J'étais plus près que je ne l'avais supposé, du village, loin d'être endormi. Je me remémorais brusquement que j'y venais précisément pour assister à un enterrement, d'une origina­lité rare, m'avait-on dit.

    Pourquoi ?

    Parce que la tribu des Tsimisokitsy, de Maromena sur­tout, avait le redoutable privilège de voir parfois ses morts revivre, les cérémonies mortuaires terminées.

    Ce rire montant du bush dense, pendant qu'ils dansaient, pleuraient et mangeaient en même temps devait être un signe de l'au-delà, du mort qui se manifestait déjà, mais d'une façon inhabituelle. Il avait déjà quitté son cercueil, à l'insu de tous et errait sous les taritarika probablement, aux branches en lanières fines et longues comme une chevelure.

     

    * Errances (1)

    e-herbar.net

    Il fallait à tout prix empêcher qu'il reparaisse de nuit dans le village. J'avais entendu parler de cela.

    Le grand jour chasserait toutes les ombres funestes et le mort vivant, obligé de se cacher de l'astre solaire.

    D'où la garde des issues étroites entre les raketa menant au village, d'où les reflets menaçants, d'où mon grand trouble, car je n'étais pas un mort, moi. Mais dans cette opacité où seuls des points jaunes luisaient faiblement, accrochés aux larges mains des cactées, seuls, avec les extrémités des armes que tenaient les hommes les plus habiles, tapis dans des trous noirs, m'observant sans doute, apeurés, tremblants et farouches, je ne pouvais me risquer d'avancer davantage, et, parler avec mon accent étranger à leur dialecte précipiterait le désastre qui m'attendait.

    Ma situation s'identifiait au bush ; elle était épineuse. Ce fut une de mes plus longues nuits, défiant les heures, toutes les soixante minutes pourtant ; toutes d'un siècle chacune pour moi ; pour eux aussi, probablement. L'amponga battait pour chasser l'esprit. Les lamentations me trouaient les oreilles. Je reculai, accroupi, comme un fauve sournois, sans quitter des yeux les lueurs dangereuses.

     

    * Errances (1)

    FB Dave Fangitse

     

    Attendre l'aube, rien que l'aube, d'un tel désir qu'il en devenait physique, douloureux, c'était tout ce que je pou­vais faire. Et aussi souhaiter qu'un ou plusieurs des veilleurs ne s'encouragent pas en ingurgitant du toaka, boisson alcoolisée toujours en abondance dans ces cérémonies, pour ensuite tenter une sortie, lance ou hache en avant, car de nuit il faut chasser, détruire si possible le mort rôdant.

    Je n'avais plus qu'à tendre le cou, si cela se produisait. Ma peau était humide, la rosée, lentement, s'installait sur les feuilles des tsinefo, des sakoa, sur moi, pelotonné dans l'Eragrostis, herbe si fine, écrasée du poids de mon corps pendant que des sentiments multiples s'entrecroisaient : hâte du jour, crainte de la nuit interminable, et aussi la fatigue d'une posture ankylosante.

         Personne ne bougea.

    Seul, un chant plaintif propageait des sons monotones comme le murmure d'un ruisselet heurtant le roc, et s'était intégré dans l'austère nature, atténuant l'apeurante dureté du silence nocturne qui semblait vivre de mille chuchotements des plantes, des épines adhérant toujours et toujours leurs pointes aiguës dans l'air frais circulant au ras du sol.

        Signes avant-coureurs du matin proche sinon calme. Dans la pénombre je remuais péniblement mes membres engourdis et, ne distinguant plus les armes de mes vis-à-vis, fis de la marche arrière dans la piste descendante jusqu'à ce qu'un détour feuillu me cacha le rempart de cactus et tout ce qu'il y avait derrière. Je retournais au véhicule en même temps que le rosissement de l'horizon s'accentuait et qu'un coq, du village inaccessible, là-haut, chantait en solo déses­pérément, maître certainement d'un maigre poulailler où la devise comme chez les hommes devait être : se maintenir ou mourir.

       Mais l'un menant toujours à l'autre, il ne s'agissait que de durer, de durer le plus longtemps possible.

       Toutes ces pensées moroses ne changeaient en rien la position de la voiture ni la mienne. Grelottant, je pris une couverture, que j'aurais dû prendre la veille... si j'avais su.

    Il ne me restait plus qu'à remonter au grand jour, dans le village probablement assoupi par la longue veillée forcée.

    Quelques hommes avec des angady auraient vite dégagé la voiture et je pourrai continuer ma route après une halte de récupération et d'observation si possible sur cet enterre­ment dont ils se souviendraient plus que des autres avec ces bruits insolites de la nuit écoulée.

    Au fait, je leur expliquerai. Mais était-ce utile de les décevoir, car cela confirmerait leur réputation de contact avec le surnaturel.

    En songeant que chaque tribu tenait à ses particularités, j'allais vers le hameau d'où montaient des fumées blanches.

        J'aviserai une fois sur place.

    Lorsqu'on me vit apparaître, deux hommes vinrent au-devant, les traits bouffis et l'attitude méfiante.

    Depuis que je circulais dans le littoral Androy j'étais devenue une silhouette familière aux autochtones d'autant plus que les Vazaha étaient rares à se déplacer en ces lieux où l'impression d'isolement intense vous empoignait aussi bien de jour que de nuit.

    Ils m'écoutèrent peu, car dès qu'ils surent que j'étais en panne en contrebas, ils s'exclamèrent et parurent soulagés d'un grand poids.

       -  T'en fais pas, viens d'abord au village prendre un morceau de viande en l'honneur de Fanonona qui est mort, viens, on ira ensuite tous t'aider.

       Le vieux chef, seul, fut un peu plus curieux.

       -  T'as dormi dans la voiture.

       -  Oui, il faisait trop sombre pour marcher.

    Voyant son rude profil se rasséréner, je compris qu'il était plutôt satisfait des incidents de la nuit car comme à chaque décès, de nombreux habitants des villages voisins étaient venus assister aux funérailles et, la légende de Maromena s'est trouvée éclatement confirmée ainsi. Etrange tribu que celle des Tsimisokitsy détenant un pouvoir peut-être maléfique, mais quel pouvoir !

       Ils étaient plus craints que respectés.

       En tout cas, maître chez eux, et personne ne leur cher­chait des noises. Je l'entrepris aussitôt, le vieux chef aux yeux plissés, rusés.

    -  Je suis venu pour Fanonona, va-t-il partir aussi au loin ou restera-t-il dans son cercueil.

    -  Chut, parle pas si haut, il nous a quittés cette nuit seulement et doit être dans les parages encore ; mange, nous allons terminer les cérémonies aujourd'hui, bois, regarde danser, chanter, tire quelques cartouches avec mon fusil pour le repos de son âme déjà vagabonde, mais ne parlons plus de lui.

    Il coupait court à mes questions mais sur les morts de Maromena qui émigrent ensuite, je désirais en savoir da­vantage.

        Il devait bien y avoir une explication quelconque à ce rite. Passant devant la case du défunt une forte odeur me suf­foqua.

      Il est bien mort.

      Comment alors est-il aussi parti ? C'est absurde.

      Mais cette fois ci, décidé que j'étais d'aller jusqu'au bout de mon enquête, j'assistais stoïquement toute la jour­née aux fêtes du défunt. Ses deux femmes étaient hagardes épuisées de danses.

     

    * Errances (1)

    Dave Fangitse

        Le cercueil, avant que le soleil ne se couche, fut promené dans le village sur le dos de solides porteurs courant, précédés d'un groupe de chanteurs, dan­seurs et de pleureuses joyeuses.

    Il paraissait bien léger à porter ce cercueil. Parfois ils le tenaient à bout de bras. J'étais prêt à admirer leur force, leur prestesse à balancer si dangereusement le cercueil dont le couvercle semblait à peine fixé, car il claquait parfois lors de secousses trop brusques.

    Personne n'y prenait garde, un état euphorique s'étant emparé de la foule échauffée.

    Remis dans sa case, le mort « put » enfin reprendre une position plus stable, du moins je le suppose.

    Je l'avais connu. Vigoureux bouvier venant fréquem­ment à Beloha où chaque vente de chèvres était pour lui l'occasion de libations entre ses femmes qui le suivaient fidèlement, le maintenant quand l'alcool tortillait ses jam­bes musclées perdant leur agilité première.

        J'aurais bien voulu revoir sa tête. De quoi était-il mort ?

    Il était encore jeune. Maladie de brousse. Subitement l'homme s'alite et un ou deux jours suffisent généralement pour qu'il rejoigne l'autre monde.

     

    Une autre nuit à passer, à la lueur cette fois-ci plus rassurante d'un grand feu de branches de mokonazy, auprès duquel je suis assis tout en cassant des noix de sakoa dont l'amande douce et sucrée agace les dents. La fosse est prête à côté d'un tas de pierres amenées de la falaise calcaire sur de branlantes charrettes grinçantes.

    Une valiha émet des notes brèves, le tambour s'est tu ; des marmites pleines fusent des vapeurs odorantes dilatant les narines de ceux des assistants restés lucides. La majorité étant plongé dans un sommeil entrecoupé d'éveils sursau­tés, chacun craignant de manquer la fin et d'assouvir la faim quasi permanente qui les tenaillait. Les racines, la viande bouillaient. Tout allait bien.

       Je ne tiens plus, projette dans le foyer le petit tas de noyaux non décortiqués, fais quelques pas lents autour du cercle de gens accroupis, vérifie si ma lampe de poche est sur moi et m'engage nonchalamment dans la case de Fanonona. L'odeur puissante gratte violemment les en­trailles mais tant pis ; un dernier geste à faire. Le couvercle se soulève sans effort sous la pression de mes mains.

      Il n'y a personne dedans.

      Le rond lumineux de ma torche ne découvre qu'un morceau de charogne qui semble bouger, tant les vers blanchâtres grouillent dessus. Et c'est tout. De la chair de chèvre sans doute.

      Pourquoi cette macabre substitution ?

      Qui est au courant en dehors de chef de village. Quelques ombiasy ' ou plutôt mpamosavy2 notoires. Mais où est le mort alors ? Est-il mort au moins ?

       Me voilà plongé en pleine légende. Et la lumière ne me viendra pas des notables. Je respire pronfondément sous le feuillage épais du tamarinier central, lieu habituel des palabres du village. Hélas les arbres ne parlent pas.

       Qu'entends-je ? Un éclat de rire provenant du fond du bush. Sinistre comédie ?

       Etrange tribu ; l'effet d'hier a du leur plaire. Certaines femmes sont littéralement terrorisées. Très fort, le ou les mystificateurs. Drôle de mise en scène.

       Je suis pris d'une incompréhensible inquiétude au milieu de ce village isolée sur sa colline recouverte d'épineux impénétrables.

    Malsaine curiosité m'entraînant dans le domaine des légendes qui me narguent. Une forme d'envoûtement imprègne mes pensées enchevêtrées. Bêtement désemparé, je songe au bain frais et lénifiant que j'aurais pu prendre à Faux-Cap, où l'écume des vagues retombe comme des flocons de neige sous le soleil blanc ; agréable contraste qui n'est plus à ma portée.

     

    Errances (1)

    FB faux- cap cactus hotel

    En une longue file murmurante, le mort, tout au moins l'odeur, est conduit à sa dernière demeure qui sera recou­verte de pierres blanches. Tout le monde s'éparpille, cha­cun avec un ou plusieurs morceaux de viande enfilés et portés à bout de bâton sur l'épaule.

    Bien repus, bien fatigués... Les villages sont rejoints.

    Des journées de repos en perspective, tant que la viande durera.

    Le site de Maromena retrouve son calme coutumier et je m'apprête à quitter le chef de la tribu, le remerciant de son accueil affable et de son aide.

    Je l'interroge une dernière fois sans vouloir éveiller sa méfiance :

    -  Mais où vont les morts ressuscites, où est parti Fanonona, ne reviennent-ils jamais au village ? 

    -  Je ne sais pas, mais tu as entendu, cette nuit, il a ri dans les broussailles, il ne s'est pas encore décidé pour la direction à prendre. Tu as vu les porteurs, ils n'avaient que des planches à porter, Fanonona ne s'est débarrassé que de sa mauvaise odeur,... comme les autres, avant. Que crois-tu que le Zanahary nous réserve en redonnant ainsi la vie aux hommes de notre tribu.

      Il allait au-devant de mes questions.

       -  Mais les autres, chef, où allaient-ils de préférence ?

      -  Vers le Nord, Isoanala, et, voyant une lueur dans mes yeux, il reprit vivement : plutôt à Tuléar, d'ailleurs je ne sais pas à vrai dire, comment veux-tu le savoir, ils ne reviennent plus jamais ici, ils revivent mais ne sont pas rendus à la tribu.

       Roulant à vive allure sur la piste devenue rectiligne vers Marovato, je réfléchis aux dernières paroles du chef.

    Tuléar, c'est trop vaste pour chercher, rechercher quel­qu'un. Je ne pouvais qu'y perdre mon temps.

    Le nom du premier lieu lui avait échappé spontanément.

       Isoanala, je connaissais bien, ainsi que Fanonona.

       Tiens, pourquoi pas ? A mon prochain passage à Isoanala, je m'attarderai quelque peu. Il me démangeait de savoir.

    Ou ce chef de village est un astucieux sorcier ou la légende m'enveloppe dans son déroulement fantastique, irréel.

    Parfois il me semble que j'aurais mieux fait de consacrer mes loisirs à la classification florale des nombreuses varié­tés d'épineux dont la vue découvrait avec surprise les pétales multicolores s'épanouir sur les plus revêches buis­sons, au lieu de sonder l'origine des légendes de l'Androy, de la légende de Maromena.

     

    A suivre…. Partie 2

     

    Louis SZUMSKI

     

    1 Ombiasy = bon sorcier   2 Mpamosavy = mauvais sorcier

     


    Tags Tags : , , , , , , , , , , , , , , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :